17 Avril 2018
Le pasteur John Sanqiang Cao, un chrétien chinois du Yunnan qui partageait son temps entre l’Amérique et son pays d’origine, a été condamné, le mois dernier, à 7 ans de prison pour avoir distribué des Bibles, des cahiers et des crayons au Myanmar voisin.
Depuis des années, Cao traversait avec d’autres enseignants chrétiens, sur un étroit radeau en bambou, la fine bande de rivière qui séparait le sud de la Chine du Myanmar voisin pour y apporter des cahiers, des crayons et des Bibles.
Le 5 mars 2017, pourtant, le trajet ne se déroula pas comme prévu. Alors qu’il s’apprêtait à accoster sur le rivage de son pays d’origine, il vit au loin des agents de sécurité qui l’attendaient de pied ferme.
Jetant rapidement à l’eau son portable qui contenait l’identité de plus de 50 enseignants chrétiens chinois qu’il avait recruté pour donner aux enfants birmans une éducation gratuite enracinée dans le christianisme, lui-même ne parvint pas à s’échapper.
Arrêté, il a été condamné le mois dernier à sept ans de prison pour avoir organisé la traversée illégale de la frontière pour plusieurs personnes, un crime habituellement appliqué aux trafiquants d’êtres humains.
Depuis son emprisonnement, ses fils américains et ses collègues chrétiens, qui n’ont pas été autorisés à entrer en contact avec lui, plaident pour que la peine du pasteur Cao soit réduite.
Le pasteur John Sanqiang Cao, qui avait demandé l’accord du gouvernement chinois à diverses reprises pour différents projets chrétiens ne s’attendait pas à son arrestation.
C’est fortement probable, selon les experts, qu’il ait été arrêté pour sa grande implication dans les églises de maison de Chine. Le pasteur Cao officiait en effet parallèlement comme pasteur dans une congrégation sino-américaine en Caroline du Nord et dans les églises de maison en Chine, partageant son temps entre ces deux pays (son épouse étant américaine).
Responsable de plusieurs églises de maison, le pasteur John Sanqiang Cao a fondé plus d’une douzaine d’internats bibliques en Chine centrale et méridionale qui ont formé des adolescents de familles chrétiennes pauvres pour devenir pasteurs. Certains sont devenus plus tard enseignants dans les écoles qu’il a construite au Myanmar.
Pour étayer l’hypothèse selon laquelle c’est en raison de sa notoriété dans les réseaux d’églises de maison qu’il a été arrêté, son avocat, Liu Peifu, explique que d’autres pasteurs qui font le même travail que Cao le long de la frontière entre la Chine et le Myanmar n’ont eu aucune sanction.
C’est « le genre de personne susceptible de rendre le gouvernement chinois nerveux », a encore déclaré Lian, un autre chrétien.
Les analystes sont unanimes à dire que le gouvernement chinois considère l’ascension du christianisme comme une menace à son règle et pourrait utiliser des personnalités comme le pasteur Cao comme un exemple pour intimider les mouvements naissants.
L’affaire du pasteur semble également montrer que le parti veut étendre son contrôle sur les activités des fidèles chinois même lorsqu’ils sont à l’étranger.
« Cela reflète le resserrement de l’environnement sous le président Xi (Jinping) contre toute forme d’indépendance religieuse », a déclaré Bob Fu, un ami de longue date de Cao, un militant des droits chrétiens basé au Texas.
Les nouvelles réglementations religieuses mises en œuvre en février stipulent que les ressortissants chinois qui quittent le pays à des fins religieuses sans autorisation gouvernementale pourraient être condamnés à une amende pouvant aller jusqu’à 200 000 yuans (31 780 dollars).
Avec les informations de :
Chretiens.info